La région de l’Extrême-Nord du Cameroun, située dans le bassin du Lac Tchad, connait des instabilités climatiques, politiques et sécuritaires. En l’occurrence, les exactions de Boko Haram, les conflits intercommunautaires, les inondations et la Covid-19 ont récemment conduit à la fermeture temporaire et la destruction de 271 écoles, au déplacement de 1.075.252 personnes et placé 482.000 enfants en besoin d’assistance dans le domaine éducatif (OCHA, 2023). Ces situations d’urgence humanitaire ont suscité des interventions de l’État camerounais et divers partenaires au développement. Ces acteurs ont entrepris des programmes de rattrapage scolaire, d’alimentation et de prise en charge psychosociale des enfants en vue de leur (ré)intégration, voire leur inclusion dans le système éducatif formel. Or du côté des enseignants, la priorité est accordée au renforcement de leurs capacités pédagogiques au détriment de l’appui psychosocial qui fait l’objet de la présente communication. Reposant sur une analyse documentaire et l’analyse de données d’entretiens semi-directifs, cette étude interroge les raisons de la négligence de cet aspect au sein du corps enseignant, pourtant essentiel dans l’accomplissement de ses tâches dans ce contexte de crise. L’étude explore également des pistes de réflexions pour une éventuelle mise en œuvre de cet appui psychosocial.