À l’école du discernement, ou garder le cap de l’enseignement en le cherchant
Congrès du CRIFPE
Conférence principale
Thème(s)
La fabrique et la contestation des politiques d’éducation et de formation à l’enseignement, Le développement professionnel des enseignants et L’enseignement comme profession
Résumé
Le monde change, c’est un fait. Pour le meilleur ou pour le pire, ce n’est pas nouveau. Ce qui change, dans ce changement, c’est qu’il se globalise et s’accélère d’un seul mouvement. L’incertitude monte à mesure que fléchissent l’ordre et les croyances héritées. Comment l’enseignement ne serait-il pas touché ? Lui qui devait réduire l’ignorance, éclairer les consciences, démocratiser l’intelligence, pourquoi ne serait-il pas – paradoxalement ou logiquement – rattrapé par un sens critique le sommant de se justifier ? La recherche montre un métier d’instruire ambivalent, dans une école publique tâtonnante. Entre savoirs nouveaux et fondamentaux, guidage et participation, exigence et bienveillance, bien commun et juste compétition, inclusion et filiarisation, formation méthodique et empirique, les doubles contraintes deviennent la règle, les transactions la norme, la réciprocité une valeur plus ou moins éprouvante, collectivement subie en même temps que prônée, sciemment ou non. La mauvaise nouvelle, c’est que cette désorientation – hors recours à une dictature omnisciente – pourrait durer. Mais la bonne, c’est que certaines pratiques parviennent mieux que d’autres à affronter l’adversité. Entre les contradictions, comment donc naviguer ? Faut-il refuser les dilemmes, ou les assumer ? Imaginer un avenir radieux, ou soupeser humblement le pire et le mieux ? Comment choisir entre réalisme et idéalisme, engagement et lucidité ? Un choix trop binaire risque justement de nous égarer. Tout peut servir en réalité, à condition de savoir trier. Si seule la dose fait le poison, le plus urgent pourrait devenir un besoin universel de discernement : pour les élèves, à conduire sur la voie de plus en plus étroite car nécessairement commune de la délibération ; et pour un enseignement se repérant lui-même au cœur de la complexité, entre soutien social à revendiquer et compétences professionnelles à démontrer. Sans jamais dévier de son cap, donc en persistant à le chercher là où il paraît se dérober ?
Auteur.e.s
Université de Genève - Suisse
Olivier MAULINI est professeur ordinaire à l’Université de Genève (Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation) dans le domaine Analyse des métiers de l’enseignement. Il dirige l’Institut universitaire de formation pour l'enseignement (IUFE) et le Laboratoire de recherche Innovation-Formation-Éducation (LIFE). Il intervient dans les formations pour l’enseignement primaire et secondaire, la direction d’établissements scolaires et la formation du corps enseignant. Ses recherches portent sur les pratiques pédagogiques, les institutions scolaires, le travail, le métier et la formation des personnels de l’enseignement, les rapports entre savoirs, école et société.
Séance
M501
Heure
2024-12-03 15 h 45
Durée
40 minutes
Salle
Salle EF