Cette communication questionne le rôle de l’école et des enseignant-e-s dans l’orientation d’élèves vers des structures de l’enseignement spécialisé (Cayouette-Remblière, 2016 ; Gremion, 2015 ; Noël, 2021). A partir de données inexploitées issues de la recherche Signalement menée dans un canton suisse entre 2016 et 2021, elle a pour but d’éclairer les processus d’orientation des élèves ayant des difficultés de langage. A partir de l’analyse de 88 dossiers d’élèves pour lesquels une orientation en classe de langage est demandée et d’entretiens, nous discutons les raisons invoquées, les bénéfices escomptés ainsi que le rôle joué par l’enseignant-e ordinaire. Au niveau des conceptions, les modes de désignation de ces élèves pour une orientation vers la classe de langage tendent à perpétuer le caractère ontologique et individuel des difficultés présentées par les élèves (Barow et Ostlund, 2019 ; Fortier et al., 2018 ; Smeets et Roeleveld, 2016). Sur le plan des pratiques, le principe de délégation qui en découle appauvrit à terme le pouvoir d’agir des enseignant-e-s (Maury et Hedjerassi, 2020). Prenant appui sur ces constats, nous discutons des conditions nécessaires afin que la présence d’élèves ayant des besoins spécifiques devienne source de développement des pratiques professionnelles des enseignant-e-s ordinaires en contexte inclusif.